Droue sur Drouette
Le fils de Maître Corbin vit à Droue sur Drouette, mais ce n’est pas lui qui m’a présentée au Maître. Certains de ses fidèles élèves, mes amis, exposaient avec lui dans des salons comme Montmorency, Chéméré. Le lien se fit tout naturellement.
Lors de l’exposition de « Montmartre en Europe », où les artistes de vingt cinq pays devaient être accueillis, sa compétence, son autorité ont été le phare vers lequel je me suis dirigée.
Il n’était pas toujours d’accord avec mes tentatives, mais avait à d’autres moments une phrase brève du genre :« Jenny, il faut juste maintenant un bon socle pour mettre votre sculpture dessus ».
Malheureusement, il n’est plus là pour me proposer critiques ou commentaires amicaux.
Depuis cinquante ans, je me « bats » avec la résine de polyester, celle qui ouvre indifféremment la voie au coulage, à la taille, à l’insertion, à la superposition, au surmoulage, au choix des densités et des couleurs, avec tous les gestes d’un vrai sculpteur mais avec les questions qu’un peintre peut se poser dans le difficile rapport forme-couleur.
Dans cet espace de liberté rien n’est définitif, le champ de la création reste ouvert, suspendu à un regard, à ses intuitions et à ses repentirs.Malheureusement, c’est aussi un espace de solitude car peu d’artistes ont voulu faire cette quête.
La force de l’habitude existe même en art.Les sculpteurs se sont toujours servis de la lumière de la même manière, en lui permettant de souligner dès plans structurés.Avec les résines, elle pénètre à la profondeur choisie, privilégiant éventuellement l’intérieur ou établissant de subtils échanges avec les surfaces, dans un mouvement vers le dehors, proposant une vision non pas du volume arrêté mais biaisé ou en mouvement.